Jusqu’ici, la climatologie peinait à établir un lien formel entre les tempêtes qui frappent le sol européen et l’augmentation des températures due au réchauffement climatique. Cependant, au mois de janvier de cette année, une étude a été publiée dans la revue Earth System Dynamics ; étude à laquelle ont contribué des chercheurs français du LSCE (Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement). Son objectif: comprendre si les tempêtes violentes accompagnées de fortes pluies vont devenir plus fréquentes à cause du changement climatique dans l’Atlantique Nord.
La conclusion de ces travaux? Oui ; à mesure que le climat se réchauffe, les tempêtes explosent plus vite, durent plus longtemps et charrieraient davantage d’humidité, transformant les schémas météorologiques de l’Europe de l’Ouest, et en premier lieu ceux de l’Hexagone. Une nouvelle dont on se passerait bien, après les observations du C3S, il y a une petite dizaine de jours.
Des tempêtes plus humides, plus puissantes et plus durables
Le processus mis en cause ici s’appuie sur un principe thermodynamique: l’air chaud peut contenir plus de vapeur d’eau que l’air froid. Plus précisément, à chaque degré Celsius supplémentaire, la capacité de l’atmosphère à retenir l’humidité augmente d’environ 7% (relation de Clausius-Clapeyron). Cela signifie que, dans un climat plus chaud, l’atmosphère agit comme une éponge plus volumineuse: elle accumule davantage de vapeur avant de la relâcher.
Lorsque cette vapeur d’eau est canalisée sur de longues distances par des courants atmosphériques rapides, elle forme ce que l’on nomme en climatologie une rivière atmosphérique. Un couloir de vapeur d’eau concentrée dans l’atmosphère qui peut transporter des quantités massives d’humidité depuis les basses latitudes (notamment les régions tropicales) jusqu’à des zones tempérées comme l’Europe de l’Ouest. Ce transport ne se fait pas au sol, mais dans la troposphère, souvent entre 1 et 3 km d’altitude.
Lorsqu’une rivière atmosphérique interagit avec une dépression déjà formée ; typiquement une tempête atlantique ; elle agit comme un amplificateur d’énergie. La condensation rapide de la vapeur qu’elle transporte libère une quantité importante de chaleur latente, ce qui accentue les contrastes thermiques et accélère la chute de pression au centre du système dépressionnaire. Les vents se renforcent, les précipitations deviennent plus intenses, et le système évolue vers ce que les météorologues qualifient de cyclogenèse explosive.
Selon les données disponibles, il s’avère qu’actuellement, près de 72% des tempêtes explosives en Europe sont déjà couplées à des rivières atmosphériques. Les modèles climatiques utilisés dans l’étude ; quels que soient les scénarios d’émissions ; anticipent non seulement une augmentation de la fréquence de ces interactions, mais surtout une hausse marquée de leur intensité. Cela signifie des tempêtes plus énergétiques, plus durables et souvent plus destructrices, avec un très haut potentiel de graves inondations et de vents extrêmes.
La France parmi les zones les plus exposées
L’étude pointe clairement plusieurs régions sous surveillance: le sud de la péninsule Ibérique, les Îles Britanniques, la Scandinavie, et surtout la France. Le 24 janvier de cette année, la tempête Eowyn est tombée sur l’Irlande avec une violence inouïe, avec des rafales atteignant 183 km/h à certains endroits. Une puissance comparable à la force d’un ouragan de catégorie 3 sur l’échelle de Saffir-Simpson. En France, les pluies qui l’ont accompagnée ont submergé une partie de la Bretagne et les rafales ont aisément dépassé les 100 km/h dans le Finistère.
Ce type d’épisode sera de moins en moins isolé et ce qui frappe aujourd’hui les littoraux atlantiques s’enfoncera peu à peu vers l’intérieur des terres. La fréquence annuelle de ces événements reste variable, en raison de la complexité naturelle du climat : oscillations naturelles (oscillation nord-atlantique, oscillation atlantique multidécennale, événements El Niño/La Niña), interactions complexes (océans, atmosphère, glace, biosphère) et facteurs atmosphériques aléatoires.
Toutefois, la tendance de fond est incontestable : un climat plus chaud produit une atmosphère plus instable, et donc plus apte à générer des phénomènes extrêmes. N’en déplaise aux plus sceptiques, qui continuent à penser que le GIEC est un groupe de propagande et considèrent leur ressenti personnel comme preuve scientifique.
- Une étude récente confirme que le réchauffement global intensifie la dynamique des tempêtes en Europe, en particulier sur le territoire français.
- L’atmosphère plus chaude transporte davantage d’humidité, ce qui renforce la violence des épisodes météorologiques.
- Les modèles prévoient une montée en puissance de ces phénomènes, avec des risques accrus d’inondations et de vents extrêmes dans les prochaines années.
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